mercredi 3 octobre 2012

Poppy Z. Brite


Les personnages de Poppy sont toujours des jeunes hommes.
Des jeunes hommes un peu largués, un peu tapés, un peu drogués mais surtout tous gays.

Âmes perdues

Soit son premier roman et ses histoires de vampires. 


Dans l'univers noir et chaud de La Nouvelle Orléans, Nothing part en quête d'identité, sa route croise celle des Lost Souls, musiciens mais surtout vampires.

Ce n'est pas celui que j'ai préférée mais l'histoire de Nothing et son mal être ont eu raison de moi.

Extrait 

« Il inséra la cassette dans le lecteur. La voix du chanteur tissait une trame avec les accords du guitariste, tantôt se perdant dans la musique, tantôt résonnant avec autant de clarté que le murmure d'un ruisseau des Appalaches.

Ta route est peut-être sans but,
Peut-être que tu n'en vois pas la fin,
Mais suis-la quand même,
Car elle te conduira sans doute jusqu'à moi...

Nothing s'assit au bord de son matelas et fredonna les paroles à mi-voix, la tête rejetée en arrière, les yeux en quête des étoiles et des planètes de son plafond. Il revit Julie sortant la cassette de son sac et la lui tendant ; il revit Laine en train de le sucer avec une passion innocente. »


Sang d'encre


Soit son deuxième roman, rien à voir avec le premier si ce n'est la référence à Missing Miles que l'on retrouve dans plusieurs de ses romans. Grosse référence à Stephen King et à sa chambre 1408.


La maison de l'auteur de bd Bobby McGee a longtemps été laissé à l'abandon. L'auteur y a en effet assassiné sa femme et son dernier fils avant de suicider, laissant l’aîné en vie. Sans le dire à son petit ami Zach, Trevor McGee l’emmène vivre dans la maison.

Extrait 

« Trevor éclata de rire. Il n'arrivait pas à croire à ce qui lui arrivait. Quand il se réveillerait, ce serait pour s'apercevoir qu'il avait dormi sur la table à dessin, qu'il avait inventé ce garçon et cette impossible situation. Il n'était pas censé éprouver de tels sentiments. Il n'en avait jamais éprouvé de semblables. Il était venu ici afin de découvrir pourquoi son père l'avait épargné.
Mais il avait une conscience aiguë de la peau de Zach contre la sienne, aussi douce qu'il l'avait imaginé, et il ne voulait pas s'en éloigner. En fait, il aurait voulu pouvoir s'en rapprocher davantage.
Il se demanda si cela avait un rapport avec le fait qu'il ait été épargné.
Trevor pressa son visage contre la nuque duveteuse de Zach. « Est ce que tu étais destiné à venir ici ? Demanda-t-il à voix basse, espérant que Zach ne l'entendrait pas. Est-ce que ça fait partie de l'histoire ?
-Au diable le destin, dit Zach. Chacun de nous fait sa vie comme elle vient. »

Le corps exquis

Soit du gay et du vraiment moins gai. 



Pendant que le nécropédocannibalophile Andrew Compton s'échappe de prison en direction de La Nouvelle Orléans, le sérial killer de la région Jay passe le temps à sa façon. Les deux vont finir par se rencontrer et former le couple le plus sanglant de l'histoire de ma littérature.

« -Mais pourquoi manges-tu leur chair?avait demandé Andrew. Qu'est ce que tu en retires ?
-Tu n'as jamais essayé ?
-Je n'ai gouté que le sang. Et l'aspect me plait d'avantage que le goût.
-Le sang... »Haussement d'épaules de Jay. «  Le sang ce n'est que du carburant. Ce n'est pas mal, mais ce n'est pas de ça qu'ils sont faits.
-Tu veux qu'ils fassent partie de toi ? C'est ça ?
-Entre autres, admit Jay. Il m'a fallu longtemps pour avoir la sensantion de leur présence. Je mangeais leur viande, cette viande devenait la mienne, et puis je me retrouvais seul. Mais, au bout d'un temps, je commençais à les sentir en moi. »
Andrew hocha la tête. Ses yeux noirs restaient pensifs mais il semblait avoir compris. Finalement, il dit : « il y a une autre raison ?
-Oui : c'est succulent » lui répondit Jay. »



Trois romans qui ne suffisent cependant pas à montrer l'ensemble de la production de Poppy. Il y a un tas de nouvelles, de recueils et d'autres romans complètement allumés (Et si les Beatles avaient été gays ?). Poppy, avec le temps, c'est calmée un peu. Fini les scènes gores et paroles crues pour les cuisines d'Alcool.

Lire du Poppy, c'est entrer dans un univers dont on ne sortira pas indemne. On souffre pour ses personnages qu'elle malmène et torture. L'abus de sexe, de drogue et d'alcool semblent parfaitement normal dans leur construction et ne nous dérange pas. Non, ce qui marque c'est l’extrême beauté de la violence, son écriture est capable de nous faire admirer un cadavre violé. J'exagère peut-être mais les vrais auteurs sont pour moi capable de transformer la boue en or. Ici, on gratte ses plaies pour mieux les soigner. 

Si tu veux rigoler un peu, il y a l'article de wikipédia qui prend Poppy pour un homme. Non, Poppy est une femme et pas n'importe laquelle c'est la maîtresse de la littérature underground !
(Qui imaginerait que dans cette tête un type viole un enfant qu'il vient de tuer ?)



Si toi aussi tu aimes les livres violents, tu peux essayer :

-American Psycho, Breat Easton Ellis
-Les Murakami Ryu, surtout la trilogie Extasy