mardi 24 janvier 2012

Neil Gaiman & ses mondes.


Petite, je dévorais les livres fantastiques. La prolifération de mauvais auteurs m'avait fait arrêter. Et on m'a fait connaître Neil Gaiman. Lors d'un stage Au Diable Vauvert durant le salon du livre jeunesse de Montreuil mes yeux ne quittaient pas Americain Gods avec une seule question en tête : Que referme ce livre de 692 pages ? 
Je voyais les visiteurs, les connaisseurs du genre me parler de Gaiman comme un maître, un homme à l'humour décapant, au verbe violent et à l'imagination débordante. 
Je peux maintenant dire qu'ils avaient tous raison.

Si on doit retenir deux trois trucs sur Gaiman ce serait :

-Ses univers incroyables.
-Son humour : des situations et des jeux de mots particulièrement.
-Son écriture qui ne nous lâche pas bien que l'histoire soit longue à démarrer.

Americain Gods 

Où l'histoire d'un homme que les Dieux embarquent dans une histoire de dingue.

"Anubis déposa une balance dorée devant lui.
-Alors, c'est ça qui nous dira ce que l'avenir me réserve ? chuchota Ombre à Bastet, L'Enfer ? Le Paradis ? Le Purgatoire ?[...]
-Maintenant je veux me reposer. Voilà ce que je veux. Rien du tout. Ni le ciel, ni l'enfer, ni quoi que ce soit d'autre. Juste que ça s'arrête.
-Tu en es bien sûr ? demanda Thot.
-Certain.
M. Chaquel ouvrit la dernière porte, et derrière cette porte, il n'y avait rien. Pas les ténèbres. Pas même le néant. Juste rien. 
Ombre l'accepta sans réserve. 
Ce fut avec une étrange joie farouche qu'il franchit le seuil de rien."

"Je le sais bien que c'est truqué mais c'est le seul tripot de la ville." Canada Bill Jones.

Neverwhere

Où Londres comme on ne l'aurait jamais imaginé, peuplé par des personnages plus intéressant les uns que les autres.

"-Pourriez vous me passer la police, s'il vous plaît ? Un homme vient de me menacer de mort et je crois qu'il était sérieux.
Un silence.[...]
-Urgences, Allo ? Il y a quelqu'un ? Allo ?
Alors Richard raccrocha le Batphone, se rendit dans sa chambre et s'habilla, parce qu'il avait froid, qu'il était nu, qu'il avait peur et qu'il n'avait pas grand-chose d'autre à faire."

"Richard tenait son journal dans sa tête.
Cher journal, commença-t-il. Vendredi, j'avais un emploi, une fiancée, un domicile et une existence sensée (enfin dans la mesure où une existence peut être sensée.) Et puis j'ai rencontré une jeune fille blessée qui se vidait de son sang sur le trottoir et j'ai joué au bon Samaritain. Désormais, je n'ai plus de fiancée, plus de domicile, plus d'emploi, et je me promène à quelques dizaines de mètres sous les rues de Londres avec une espérance de vie comparable à celle d'un éphémère animé de pulsions suicidaires.
-Par ici, dit le marquis.
-Est-ce que tous ces tunnels ne se ressemblent pas ? demanda Richard en remisant temporairement son journal. Comment faites-vous pour les distinguer ?
-Je ne les distingue pas, répondit tristement le marquis. Nous sommes irrémédiablement perdus. Nul ne nous reverra jamais. D'ici deux ou trois jours, nous commencerons à nous entre-tuer pour nous nourrir.
-C'est vrai ? "

Miroirs et fumée

Recueil de nouvelles. J'ai eu beaucoup de mal à le lire, je trouve que Neil Gaiman prend trop de temps pour commencer ses histoires, les nouvelles ne sont pas tellement une forme qui lui va. J'en retiens cependant une, l'exercice était d'écrire une nouvelle en 100 mots.

"Nicholas était..."

"Plus vieux que le péché, sa barbe n'aurait pu etre plus blanche. Il voulait mourir.
Les habitants nains des cavernes arctiques ne parlaient pas sa langue, conversaient en pépiant dans la leur et célébraient des rituels incompréhensibles, quand ils ne travaillaient pas dans leurs usines.
Une fois l'an, ils le poussaient, malgré sanglots et protestations, dans la Nuit Eternelle. Au long de son périple, il visitait chaque enfant du monde, laissait à son chevet un invisible présent des nains. Les enfants dormaient, figés dans le temps.
Il enviait Prométhée, Loki, Sisyphe et Judas. Sa punition était pire.
Ho.
Ho.
Ho. "